Durabilité et marché de l’or : une approche par la filière de production.

Alpha Dramé et Marie Rossy

La Suisse est l’un des leaders mondiaux du commerce de l’or avec près de 70% de la production mondiale importés et raffinés chaque année sur le territoire helvétique (1). L’industrie horlogère et joaillère, ainsi que les grandes banques suisses (lingots) sont parmi les principaux consommateurs d’or raffiné.
Dans le secteur des métaux, l’or est aussi sujet de négoce sur la place financière mondiale dont 60% passent par la Suisse (2).

L’or étant une source importante d’emploi et de recettes fiscales en Suisse, le manque de transparence et de traçabilité peuvent vite menacer la réputation de l’Etat et des entreprises suisses.

Pour la Confédération, il s’agit d’améliorer la transparence dans ce domaine en appliquant les standards internationaux pour une filière de production responsable (3), ainsi qu’en diffusant les statistiques du commerce de l’or (4).
La tendance pour les entreprises et les raffineries est à l’adoption de normes sociales et environnementales. Le développement d’un or responsable est motivé par la montée des exigences du marché et du secteur financier.

Le secteur financier joue un rôle déterminant, car il oriente les investissements. Ces dernières années dans l’investissement durable, plusieurs initiatives ont vu le jour.
C’est le cas par exemple des outils financiers orientés sur la durabilité (5), ainsi que du partenariat entre le programme pour l’Environnement et l’Initiative pour la Finance (UNEP FI).
Du côté des Etats producteurs, l’enjeu consiste à mettre en œuvre les mesures de protection sociale et environnementale.
Dès les années 2000, les mouvements de la société civile ont participé à l’établissement d’une nouvelle forme de gouvernance des ressources naturelles caractérisée par la collaboration transnationale des Etats, de la société civile et des entreprises privées.
C’est ce que l’on retrouve sous le terme de capitalisme socialement responsable.

Sur le marché de l’or, la tendance est donc à l’adoption progressive de normes et de comportement conformes aux perspectives du développement durable.
Dans ce sens, le développement durable est une vision partagée; reste à savoir à quel niveau se situera la coordination et la complémentarité entre les acteurs concernés.

(1) Une ONG suisse dénonce une filière de l’or africain vers Zurich, http://www.rts.ch/info/suisse/7070923-une-ong-suisse-denonce-une-filiere-de-l-or-africain-vers-zurich.html, 10 septembre 2015, consulté en décembre 2016.
(2) Confédération suisse, Rapport de base : matières premières, 27.03.2013.
(3) Tels que ceux du guide de l’OCDE, « Due Diligence Guidance for Responsible Supply Chains of Minerals from Conflict-Affected and High-Risk Areas ».
(4) La Confédération a publié pour la première fois en 2014 les statistiques sur la provenance de l’or importé en Suisse.
(5) Tels que le MSCI ACWI Sustainable Impact Index, et le Morningstar Sustainability Rating. La performance des entreprises à gérer les enjeux ESG est publiée sous forme d’indices par des entreprises telles que Thomson Reuters, MSCI et Bloomberg qui permettent aux investisseurs de choisir leurs cibles.

Présentation par Suren ERKMAN – Directeur exécutif

La « Chaire d’écologie industrielle » de l’UTT, créée à l’initiative de quelques grandes entreprises françaises, s’est donnée pour principaux objectifs : 

• la création d’un pôle de veille et de recherche transdisciplinaire dans le domaine nouveau de l’écologie industrielle, conçue comme un moyen de mettre en oeuvre concrètement le développement durable; 
• le soutien de la recherche en écologie industrielle, la valorisation et la diffusion de ses résultats notamment via des publications, cours et séminaires. 

[…]

Ce numéro rassemble les contributions écrites des six premiers invités de la Chaire. 

En ouverture, Benoît Duret présente un bilan, au plan international, des différentes expériences d’écologie industrielle en cours depuis une dizaine d’années. 

Les trois contributions suivantes, celles d’Anthony Chiu (Philippines), de Ramesh Ramaswsamy (Inde) et d’Alpha Dramé (Guinée), attestent du fait que l’écologie industrielle, loin d’être un luxe réservé aux pays riches, représente une stratégie de développement très prometteuse pour les pays émergents. 

Anne Steenhout éclaire un autre enjeu majeur de l’écologie industrielle, qui attire de plus en plus l’attention des pouvoirs publics et des entreprises : les interactions entre les activités économiques, les écosystèmes et la santé humaine. 

Enfin, Christian Coméliau, au bénéfice d’une longue expérience des questions d’économie du développement, esquisse les échanges et les convergences possibles entre les domaines émergent de l’écologie industrielle et la pensée économique.